Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
La seigneurie de la Forge du Loup
Publicité
Archives
La seigneurie de la Forge du Loup
  • Création d'une maquette à l'échelle 1/72 ème représentant une ville du moyen-âge. Son château, sa foire annuelle, un tournoi de chevalerie, le pont à péage. Un futur outil didactique pour les scolaires. Découvrez le projet en visitant les archives de 2019
  • Accueil du blog
  • Créer un blog avec CanalBlog
21 février 2021

Gaston Fébus - Comte de Foix - Prince des Pyrénées

Gaston Fébus - 1

Gaston Fébus - 2

Gaston Fébus - 3

Il était certain qu’à un moment ou à un autre j’écrirai un article sur ce personnage qui a marqué de son empreinte tout le sud-ouest de la France. En effet où que vous vous rendiez en pays de Gabardan, de Marsan, de Béarn, de Soule, de Bigorre, En Nébouzan, en Albigeois, dans le Comté de Foix et enfin en Andorre, on vous parlera de Gaston Fébus. Gaston III de Foix-Béarn a vécu de 1331 à 1391 quelques années avant la période de la maquette « La seigneurie de la Forge du Loup » qui est situé autour de 1436.

Gaston Fébus a vécu principalement à Orthez, Mazères et à Pau et sa vie tumultueuse, excessive, comme on vivait à l’époque, mêlant ses talents d’homme politique, de poète courtois, de chevalier de l’Ordre Teutonique, mais avec également un coté sombre qui l’a amené à commettre des actes difficiles à imaginer de la part de cet homme adulé par ses contemporains.                    

Homme politique rusé, il a profité de la guerre de Cent Ans pour asseoir sa domination sur cette partie du Sud Ouest entre Gascogne et Languedoc en jouant sur les conflits entre les monarchies françaises et anglaises.

Décrit comme l’un des plus grands chasseurs de son temps, il est l’auteur du livre de la chasse, célèbre manuscrit enluminé sur la vénerie.

Gaston Fébus - 4

Gaston se révèle également être un fin tacticien, alliant diplomatie, stratégie et art militaire. Il remporte des victoires décisives face à l'ennemi héréditaire : la maison d'Armagnac.

Gaston Fébus - 5

Gaston Fébus est fait chevalier de l'ordre Teutonique en 1358 au moment de sa participation à une croisade dans le nord de l’Europe menée par les Chevaliers Teutoniques. A son retour de cette croisade il mate la Jacquerie de Meaux. Plusieurs centaines de paysans révoltés entreprenaient le siège de la forteresse de Meaux où était réfugiée Jeanne de Bourbon, l'épouse du dauphin de France Charles, en compagnie de plusieurs autres nobles dames. Ces dames auraient vécues bien des tourments si les révoltés avaient réussis à prendre la forteresse et  si Fébus n’était pas intervenu à temps.

Gaston Fébus - 6

Son train de vie est fastueux comme nous le verrons tout à l’heure mais il faut malgré tout évoquer la face sombre du personnage même si les mœurs de l’époque prêtent  à ce genre d’excès. Après avoir obtenu le fils héritier qu’il attendait, trois mois après au mois de décembre en plus, Gaston répudie sa femme Agnès sans ménagements en prenant comme prétexte, à raison sur ce point, que la dot n’a pas été versée.

Plus grave encore, son fils héritier, insatisfait d’être mis à l’écart des décisions de son père malgré ses 18 ans, ce qui est considéré comme entré depuis un moment à l’âge adulte, est compromis dans un complot visant à administrer un poison à son père pour prendre sa place. Le prince héritier est démasqué à temps et refusant avec entêtement de dénoncer la personne lui ayant remis le poison, son père, dans un excès de colère  et dans un geste fatidique met à la vie de son fils. Ce dont il se voudra toute sa vie de son geste.

Gaston Fébus - 7

Finalement Gaston Fébus mourra sans héritier mâle direct des suites d’une crise d’apoplexie provoquée au retour d’une de ses chasses pour s’être aspergé d’eau glacé sans prendre garde qu’il était en nage à ce moment. Cela s’est passé le  1er août 1391.

Un évènement qui est resté fameux dans les mémoires de l’époque (qui nous est relaté par Jean Froissart - l'un des plus importants chroniqueurs de l'époque médiévale) est la réception qu’il donna au château de Mazères à l’occasion de la venue du roi Charles VI en 1390

Gaston Fébus - 8

 

Son jeu politique ambigu de Gaston entre Anglais et français pendant la Guerre de Cent Ans lui permet de s’émanciper de la tutelle féodale qu’il a entre les uns et les autres. Il sait se montrer ferme tout en laissant une possibilité d’une sortie de crise moyennant l’obtention de certains privilèges.

C’est à la suite de Tractations avec un envoyé du roi menant une ambassade auprès de Gaston qu’une rencontre entre Fébus et le Roi de France Charles Vi à Toulouse.

Gaston Fébus fait une entrée remarquée à Toulouse. Il est reçu comme un prince par le roi en même temps que sont négociés d’autres points de façon plus pragmatique. En retour Fébus organise un somptueux repas de 200 couverts auquel il convie les ducs de Touraine et de Bourbon, cousins du roi. Le roi fait également une apparition à la fin de ce repas.

Gaston Fébus - 9

 

Il s’ensuit une invitation en retour de Gaston Fébus en son château de Mazères. C’est à celle-ci que se rend le roi et sachant qu’il ne pourra rivaliser avec les fastueuses réceptions royales, il organise une réception qui nous sera donc contée par Jean Froissart et dont je m’inspire ici en grande partie.

Après sa rencontre avec Gaston Fébus en janvier 1390 à Toulouse, quatre mois plus tard, en avril, il prend la direction de Mazères, chez Gaston Fébus. Arrivé à l’endroit où commencent les terres du comte de Foix, sa petite troupe rencontra deux magnifique vaches blanches comme la neige que conduisait un jeune et beau montagnard à la démarche agile et fière, vêtu à la mode du pays mais de belle étoffe.

Gaston Fébus - 10

Ses vaches étaient les plus belles et les plus grasses qui se puissent voir aux mamelles pendantes gonflées de lait. Elles portaient un riche collier avec une clarine au son clair et brillante qu’on la croirait d’argent.

« Holà l’ami ! Où allez-vous avec ces deux vaches ? » demanda le roi « Au château du comte mon maitre » répond le bouvier en ôtant son bonnet d’un air respectueux.

« Vous avez là de bien beau bétail » dit le duc de Touraine frère du roi. « Pas si beau que vous croyez, monseigneur, vous en verrez bien d’autres dans nos montagnes ». Et en parlant ainsi, le pâtre désigne les Pyrénées dont les cimes bleues se dessinaient à l’horizon.

« Y a-t-il aussi dans ces montagnes beaucoup de jeunes gens comme vous ? »Ajouta le duc d’Orléans, autre frère du roi. « Vous me paraissez des chevaliers du Nord, répond le bouvier d’un ton dégagé, vous ne connaissez pas la jeunesse du Pays de Foix. Je ne suis pas le meilleur de ma vallée et notre noble sire peut mettre sur pied au premier appel de la trompe du château de Foix, vingt mille vilains comme moi ».

Tout au parlant il fit tourner son long bâton armé d’une pointe de fer lui servant d’aiguillon, le lança de toute sa force vers un jeune ormeau poussant au bord du chemin, qu’il traversa de part en part.

« Par Notre-Dame ! Dit le roi, tu es un vigoureux gaillard, veux-tu entrer à mon service ? »

« Pas même à celui du roi, je sers le comte Gaston, c’est un bon maître, je ne veux pas le quitter »

« C’est bien donc » et le roi en donnant de l’éperon à son cheval dit à son escorte : « Hâtons-nous d’aller voir ce noble seigneur » et tous de partir au galop avec lui.

Gaston Fébus - 11

Les chevaux revenus au pas la troupe rattrape un autre berger conduisant deux autres vaches blanches aussi belles que les premières qui chantait d’une voix forte  une chanson de guerre et d’amour qui plut au roi »

Où menez-vous vos vaches l’ami ? »

« Au château de mon maître «  répond le bouvier. en s’inclinant avec respect, comme le premier.

« D’où vient ces sonnailles qu’elles portent, on les croirait d’argent » dit le duc de Touraine

« Toutes les vaches du comte Gaston portent de pareilles sonnailles. Messeigneurs. »

Voilà un vassal plus riche que son suzerain, reprit le roi. Je ne m’étais pas trompé » « Mais qu’y a-t-il  devant nous ? J’aperçois un nuage de poussière et j’entends des mugissements ? »

« C’est le reste du troupeau sire chevalier. Je vais leur dire de se ranger pour vous laisser le passage. »

Alors le montagnard se saisit de son cor qui pendait à sa ceinture et en tira des sons harmonieux et puissants.

« On croirait Roland à Roncevaux ; ce manant sonne du cor comme un chevalier. Gouvernons bien nos chevaux car cet innombrable troupeau pourrait les effrayer ».

 

 

Gaston Fébus - 12

 

Les pâtres qui accompagnaient le troupeau, de solides gaillards s’affairaient de toutes parts pour ranger les bêtes. D’énormes chiens blancs au poil long donnaient de la voix ajoutant quelque tumulte supplémentaire.

C’est alors qu’un énorme taureau, les naseaux fumants, les cornes baissées se précipitait vers le cheval du roi.

« Le taureau, le taureau » ciraient vingt voix et se détachant du groupe de bergers, un des pâtres, un géant, renversa le taureau et ensuite, l’empoignant par les cornes, il l’obligea à rejoindre le troupeau

« Merci brave homme –dit le roi – Tu m’as sauvé la vie, je te dois une récompense »

« Remerciez le comte de Foix lui-même car c’est lui qui arrive »

Gaston Fébus - 13

En effet, sorti de son château, Gaston Fébus arrivait, monté sur son splendide coursier et entouré d’une suite brillante venant à la rencontre du roi. Arrivé à sa hauteur, il descendit de cheval, mit un genou à terre et tenant l’étrier du roi il dit avec  courtoisie à son suzerain :

« Vous êtes le bien venu, monseigneur. Vous plait-il d’entrer dans la demeure d’un modeste seigneur de ces montagnes ? »

« Si ferait volontiers beau cousin, dit le roi, mais laissez-moi admirer à mon aise ce magnifique troupeau. Je n’avais jamais vu tant de belles vaches, ni de solides gardiens ».

« C’est une pompe bien agreste pour un puissant monarque – répondit le comte en souriant – Je ne suis qu’un chef de bergers et ne puis vous montrer que les richesses d’un berger. Les armes de Béarn ne sont-elles pas deux vaches de gueules accornées, accolées et clarinées d’azur ? »

« Pour un chef de bergers, beau cousin, vous avez le parler bien courtois et la mine bien glorieuse. Mais où sont donc vos chevaliers si renommés, je n’en vois aucun autour de vous ? »

« Je n’en ai pas d’autres que ceux-ci » dit le comte en désignant les pâtres rencontrés plus tôt. « Ils sont tous nobles et chevaliers, vivant simplement mais dignement ».

« Par la grâce de Dieu ! vous avez des bouviers qui sont de bonne maison, mon cousin. Nous en parlerons en chambre avec les dames quand nous seront de retour à Paris. L’hospitalité du comte de Foix est gracieuse, nous nous en souviendrons ».

Les nobles seigneurs déguisés en pâtre pour préparer au roi cette ingénieuse réception, se mêlèrent à la suite du roi et ils entrèrent  dans le château et ainsi parlant pénétrèrent dans une vaste salle brillamment illuminée, décorée d’armures et de tentures où se déroula un fastueux banquet où fut servi des mets savoureux en l’honneur du roi. 

Gaston Fébus - 14

C’est ainsi que fut reçu le roi de France Charles VI par Gaston Fébus, comte de Foix, au château de Mazères en l’année 1390.

Gaston Fébus - 15

Gaston Fébus - 16

Gaston Fébus - 17

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité