Le château de Queille
Je vous ai déjà parlé de ma participation à des fouilles archéologiques au château de Montségur. Avec l’équipe de bénévoles, dont je faisais partie, le dernier jour dimanche au cours du mois de chantier archéologique à manier contentieusement la truelle et le pinceau ou fait différents relevés, nous avons décidés de faire un pique-nique en commun.
Lorsqu’est venu le moment de choisir l’endroit où aller, toutes les propositions que faisaient les membres de l’équipe n’étaient pas retenues car déjà connus de beaucoup. C’est alors que j’ai proposé à l’équipe de se rendre au château de Queille. Que les membres du chantier ne connaissent pas cet endroit n’était pas surprenant, mais je fus surpris que le responsable des fouilles, natif du village de Montségur et connaissant parfaitement l’histoire du château de Montségur ainsi que tout l’historique de la « Croisade contre les albigeois », ne connaissait pas également Queille
C’était décidé donc nous allions faire un pique-nique au « Château de Queille ». Ce château, c’est ma « petite amie » habitante de Saint Quentin la Tour, petit village voisin, qui me l’avait fait découvrir. J’étais donc en tête de ce petit convoi de quatre ou cinq voitures et partant de Montségur nous sommes allés directement à Saint Quentin la Tour pour ensuite prendre une petite route d’où partait ensuite un chemin carrossable qui nous a conduits aux abords du château de Queille
Les passagers et les chauffeurs des voitures qui me suivaient étaient déjà impressionnés de suivre un chemin inconnu de tous au milieu de bois principalement quand, en plus, un essaim de frelons est passé à coté de nous à la recherche d’un endroit où s’établir. Vite ! De toute urgence tout le monde a fermé les fenêtres dans les voitures car la journée s’annonçait belle et chaude.
Finalement après dix ou quinze minutes de conduite sur ce chemin carrossable nous sommes arrivés à Queille.
Nous nous sommes garés juste avant un petit pont de bois qui n’aurait pas supporté notre pasage en voiture, petit pont qui permettait de passer le ruisseau « le Touyre » et, descendant des voitures, tout le monde fut subjugué par le spectacle de la nature qui s’offrait à nous.
Ce ruisseau, tranquille, mais qu’on ne peut appeler rivière, aux eaux fraiches s’écoulait en formant une boucle autour d’un éperon rocheux sur lequel s’élevait le château de Queille.
Je vous raconte ce que nous avons vécu, cela se passait en 1990, alors que les lieux étaient dans un semi-abandon.
Quand j’avais découvert les lieux avec mon amie, elle m’avait expliquée que le château de Queille avait été transmis en donation à un prètre (de Toulouse ?) qui a transformé les lieux en colonie de vacances. Cette donation aurait été faite peu après la Seconde Guerre Mondiale et pendant de nombreuses années ce sont des rires et des cris d’enfants que les vieux murs ont entendus. Je ne sais pas par contre quand cette colonie de vacances a cessée de fonctionner (peut être avec le décès du prètre ?)
Avec la petite équipe que nous étions nous avons suivi le chemin montant au château nous avons pénétré àl’intérieur par la suite, dans unepartie du château ouverte à tous les vents où se trouvaient les anciens lavabos en zinc. Une autre partie n’était pas accessible et bien sur il n’était pas question de forcer des portes ou des fenêtres.
Ce qui nous interessait surtout c’était de reconnaitre les éléments anciens du château comme l’échauguette qui défendait l’accès à la porte principale. Mais également d’apprécier la tranquilité des lieux avec le ruisseau qui formait sa boucle autour du rocher.
Mais ce qui était encore plus passionnant pour nous, ce fut de reconnaitre les abis sous roche, on ne peut parler de grottes, des cavités qui ont servi à l’époque du catharisme à faire étape pour tous les croyants Cathares qui se rendaient « en pèlerinage » à Montségur pour écouter les prèches des parfaits Cathares (Voir les articles du mois de juillet 2020 : « Le trésor de Montségur » et « La « Croisade contre les Albigeois »). A Queille il y avait un petit village mais il ne fallait pas mettre en danger les habitants c’est la raison pour laquelle ce sont ces cavités qui servaient de refuge.
Les chevaliers faydits qui surveillaient les environs, assurant le même rôle que les résistants au cours de la Seconde Guerre Mondiale puisque les terres des co-seigneurs de Mirepoix et ses environs avait remise à Guy de Levis par Simon de Montfort au cours de la « Croisade après les divers méfaits qui ont été précédemment évoqués sur ce blog par les « envahisseurs du Nord » de la France actuelle depuis la Bourgogne, l’Ile de France et d’autres régions. Donation confirmée par la suite par le roi Louis IX.
Le seigneur de Queille un certain Isarn (mais je ne sais quels noms de familles et titres qui étaient les siens) avait fait allégence à Guy de Levis afin de conserver ses biens et ses terres mais il était également un défenseur du catharisme. Il offrait donc un abri sur à ceux qui venaient
Comme signe de reconnaissance secret, afin d’offrir toute garantie de son attachement au catharisme, on présentait un méreau, simple jeton en terre cuite innocemment conservé dans ses poches ou porté autour du cou. Sur ce méreau se trouvaient dessinés différents signes ou dessins, sans aucun rapport avec le catharisme, dans le cas où ce ne serait pas des sympatisants Cathares mais des gardes croisés soupçonneux qui les fouilles.
C’est ainsi que pendant le siège du château de Montségur qu'Isarn de Queille a contribué à maintenir Montségur approvisionné en nourriture et diverses armes dont des arbalètes.
Voici pour l’essentiel ce que je connais de Queille mais avant de quitter ce lieu plein de charmes malgré son abandon nous nous sommes malgré tout dirigés vers la petite église voisine qui malheureusement avait été pillée par des voleurs entre autre le pavage et à divers endroits on distinguait clairement les traces de burin pour récupérer des éléments sculptés. Avant de partir, nous nous sommes arrrétés par respect quelques instants devant le cimetière abandonné et envahi d’herbes folles.
La journée une fois terminée nous sommes tous revenus à Montségur car le lendemain nous devions encore revenir au chantier de fouilles pour la dernière semaine de chantier. Bien évidemment tous les participants à ce chantier étaient des bénévoles adhérents à l’association du GRAME (Groupement Archéologique de Montségur et ses environs).
Voici pour l’essentiel. J’ai découvert récemment que c’est un couple d’anglais, tombé amoureux des lieux, qui sont devenus les propriétaires et ils ont fait une restauration de belle qualité comme nous pouvons en juger grace aux photos du château de Queille.