Bertrand du Guesclin, connétable de France
La ville de Saint-Denis, mitoyenne à la ville de Paris, est célèbre aujourd’hui pour son « Stade de France » là où l’équipe de France de football à remportée la coupe du monde de football en 1998 en battant en finale le Brésil par un score de 3 à 0.
Mais Saint-Denis c’est aussi la basilique construite sur l’ordre de l’abbé Suger, première expression de l’art gothique en France. Cette basilique est devenue par la suite la nécropole des rois et reines de France et seuls y reposent les membres de la famille royale. A l’intérieur on peut y admirer tous les gisants, les tombes, de ces rois et reines qui ont fait l’histoire de France.
Un seul gisant n’est pas un membre de la famille royale c’est celui de Bertrand du Guesclin à qui Charles V a voulu faire honneur en le faisant reposer parmi eux.
Bertrand du Guesclin est né vers 1320 près de Dinan en Bretagne au château de la Motte-Broons. Placé en nourrice jusqu’à l’âge de cinq dans une famille de paysans. Fils ainé d’une famille de dix enfants, sa brutalité et son caractère bagarreur, lui valent qu’il ne soit pas le préféré dans la famille.
Il faut dire que l’on fait un portrait peu flatteur du physique de Bertrand qui fait dire « que c’est l’enfant le plus laid qu’il y eût de Rennes à Dinan » et qu’il devait sans doute se battre souvent pour faire cesser les moqueries.
Apprenant le métier des armes chez son oncle Bertrand du Guesclin, seigneur de Vauruzé, à Rennes, il assiste déjà aguerri au rôle d’écuyer, il assiste le 4 juin 1337 à un tournoi auquel il ne peut participer. Un de ses cousins, vaincu, lui prête son équipement et sans porter de couleurs, sans blason, il défait à tour de rôle douze ou quinze chevaliers. Puis il refuse de combattre car il doit affronter son père dans la joute suivante.
Pour montrer son respect il abaisse sa lance comme tous se demandent quel est ce chevalier sans blason un chevalier parvient à faire sauter la visière de son heaume et Robert du Guesclin reconnait le visage de son fils. Emu et fier son père décide de lui fournir un équipement avec l’aide financière d’autres membres de la famille. Bertrand du Guesclin gagne ensuite la réputation d’excellent tournoyeur, moyen à l’époque pour faire fortune comme le ferait un sportif professionnel aujourd’hui.
Ensuite a lieu ce qui est nommé « La guerre de succession de Bretagne » entre deux Grands seigneurs et Bertrand est au service de l’un d’entre eux. De plus, il se fait remarquer dès le début de la « Guerre de Cent Ans » en prenant par ruse le château de Grand Fougeray situé dans le département de l’Ille et Vilaine et occupé par les anglais. La garnison attend une livraison de bois et avec trente de ses hommes déguisés soit en bûcherons, soit en paysannes, ils se présentent devant le pont-levis avec leurs armes cachées dans les fagots de bois. La ruse réussi parfaitement et Bertrand du Guesclin avec ses compagnons se rendent maitres de la place. Cela se passait en 1354.
Il participe également à la défense de la ville de Rennes assiégée par les anglais.
Sa participation aux combats où il se montre le plus valeureux et le plus hardi lui vaut alors d’être adoubé chevalier en 1357.
Sa devise « Le courage donne ce que la beauté refuse » reflète bien le caractère de notre homme.
Il est nommé capitaine et il a, entre autre, pour charge la défense du Mont Saint Michel.
Il sera craint par les anglais qui lui donneront le surnom de « Dogue Noir de Brocéliande » (célèbre forêt de Bretagne censée être un des lieux où se déroule la « légende du Graal » avec Arthur et de Merlin l’enchanteur)
Malgré son courage, sa force et son esprit combatif, il sera malgré tout fait prisonnier au cours d’une bataille et sa rançon pour sa libération sera fixée à 30 000 écus. Après paiement de la rançon, il participe encore aux combats et sera une nouvelle fois fait prisonnier par les anglais qui fixent cette fois le montant de sa rançon à la somme de 100 000 livres. Le roi de France participe au versement de la rançon pour la somme de 40 000 livres et Guy de Laval suzerain de Du Guesclin répond du versement du reste de la rançon.
Comme j’aurais l’occasion de vous en reparler au cours d’un futur article : « Les grandes Compagnies, fléau de la Guerre de Cent Ans », Bertrand du Guesclin est chargé par le roi de France Charles V de conduire ces « Grandes Compagnies » soldats mercenaires qui combattent, moyennant finance, dans l’un ou l’autre camp et qui pendant les trêves et périodes de paix ruinent le pays jusqu’en Espagne alors qu’une guerre se déroule au sujet de la succession de la couronne espagnole.
Malgré tous ses talents en tant que combattant et fin stratège il est de nouveau fait prisonnier par les anglais qui réclament encore une rançon de 100 000 livres qui sera finalement réduite par le Prince Noir, fils du roi d’Angleterre, à 60 000 livres. L'épouse du Prince Noir, qui admire du Guesclin, verse 10 000 livres à son mari sur sa cassette personnelle et le solde est à nouveau payé par Charles V.
En octobre 1370, il est fait connétable de France par Charles V, charge crée par le roi pour récompenser Bertrand du Guesclin et qui est le grade le plus élevé de commandement au cours d’une bataille après le roi.
Bertrand du Guesclin parvient à reprendre de nombreuses places fortes et châteaux en utilisant une tactique inédite pour l’époque qui est, à la tête d’une petite troupe, assaillir ses ennemis comme le ferait un moustique lorsqu’il vous pique pendant votre sommeil. Forme primitive de ce qui deviendra aujourd’hui les commandos d’élite et en utilisant une tactique de guérilla.
Pour libérer la ville de Niort, dans le Saintonge, à proximité du Marais Poitevin, dans le département de l’Ille et Vilaine, de la domination anglaise, il utilise un subterfuge : il fait revêtir à ses soldats l'uniforme anglais. L'ennemi, confiant, ouvre les portes de la ville à ceux qu’ils prennent pour des renforts et l'armée de du Guesclin s’empare rapidement de la garnison et libère ainsi la ville.
Il a obtenu en récompense de nombreuses terres et titres et il a eu deux épouses, suite au décès de la première mais il ne laisse pas de descendance légitime seulement quelques enfants « bâtards »
Sa fin de vie est contée de façon similaire à celle de Gaston Fébus (voir l’article du mois de février 2021 : « Gaston Fétus - Comte de Foix - Prince des Pyrénées »).
C’est en 1380 alors qu’il combat contre les Grandes compagnies en Auvergne dans le Sud du Massif central. Il fait le siège devant Châteauneuf-de-Randon, dans le massif du Gévaudan. Malgré de vifs assauts et de durs combats, la place promet de se rendre au connétable Bertrand du Guesclin dans le cas où elle n’a pas été secourue dans les quinze jours suivants. On attribue sa mort, alors que c’est l’été et qu’il fait une chaleur terrible à la consommation trop rapide d’eau glacée. Pris d’une forte fièvre il meurt le 13 juillet 1380.
Le jour où le gouverneur de la place de Châteauneuf-de-Randon vient, la trêve conclue précédemment expirée, il déposer, en hommage, les clés de la ville sur le cercueil de Bertrand du Guesclin.
Bertrand du Guesclin est avec Jeanne d’Arc le personnage le plus important de l’histoire de la « Guerre de Cent ans ».
Malgré le vœu exprimé par du Guesclin d’être enterré en Bretagne, le roi Charles V veut témoigner sa reconnaissance à son connétable le fait enterrer dans la basilique royale de Saint-Denis. Devant le tombeau qu’il se fait construire pour lui-même
Son gisant le représente allongé, priant en armure et son bouclier gravé de ses armoiries, l'œil gauche percé, marque laissée par un coup de lance reçu en combattant les Anglais en 1364.
Seul son cœur parviendra en Bretagne.