La Dame des Glaces

Dans le secret des eaux souterraines et des montagnes inviolées, des géants de pierre, dominent le paysage, le merveilleux mystère de la vie s’accomplit.

Au royaume des géants de pierre aux visages de glace et aux cheveux de nuages, n'existent que le silence et le froid, le vide et le vent.                                              

La terre dans un mouvement perpétuel respire au rythme des saisons. Elle nous dévoile un monde fait de beauté et de simplicité, de force et d'équilibre.

Comme dorénavant elle le fait chaque printemps, la vie repousse les limites de l'hiver et du froid. Elle se fait couleur, ombre fugitive, parfum subtil, guidée par la même force mystérieuse qui fit naître un jour les géants de pierre

Au pied de ce monde minéral s'étend une terre paisible, un univers de vie et de verdure, de forêts et de rivières, de lacs et de sapins, d'animaux libres et de fleurs parfumées      

Mais au cœur des grandes cathédrales nées de la terre de la terre, des forces mystérieuses agissent ; puissantes et éclatantes. Elles allaient déchirent les grands reliefs de pierre et brises dans de sourds grondements le grand élan vertical des géants de pierre.

Au pays des montagnes et des pierres qui se souviennent, s'entendent des légendes. La voix des anciens fait revivre le passé, réchauffe les cœurs et rassure les enfants lorsque hurle au dehors le vent déchirant des nuits glacées.

C'est dans ce. Merveilleux décor dentelles rocheuses, tout en haut, près des sommets que demeure une déesse.

Plus tard les hommes la nommeront la Dame des Glaces.

Dans son domaine scintillant de névés et de cristaux elle demeurait victime d'une étrange malédiction qui interdit son approche.   

Malheur aux audacieux qui attirés par sa beauté tentent de lui parler; aveugles au danger qui menace… des lances de cristal repoussent sans pitié les téméraires car nul ne peut l'atteindre …

Un faux mouvement... un cri... et les malheureux tombent dans des abîmes insondables.

La Reine des Neiges ne peut s'opposer à ce maléfice et dans sa triste désolation, elle pleure.

Ses larmes d’impuissance perlent de ses yeux et comme des diamants, roulent dans les tendres pâturages. L'année suivante là où ces pierres venues des hauts sommets donnent naissance à des fleurs délicates.

Ces fleurs, symboles d'éternité se nomment « l'Edelweiss ».

La forêt et les montagnes ont livrées aux anciens de nombreux secrets. Ils connaissent le vol de l'aigle, l'emplacement des pierres, la trace des bêtes, le signal du printemps ou l'arrivée de l'hiver. Avec l’annonce d’une lumière tendre qui vient caresser les fleurs et les pâturages, les hommes et les arbres ils vont sans crainte. Ils savent pourtant reconnaitre les signes avant coureurs  d’un orage proche ou du mauvais temps à venir et ils se hâtent de mettre à l’abri leurs moutons protégés des loups et des ours par de paisible « patous » qui se montrent féroces en cas de danger. .

Ils luttent aussi contre leur propre peur face à ces montagnes à ces infinis glacés qui les dominent, face à ces sombres montagnes qui enserrent leur vallée comme autant d'étaux, ces sombres géants, dieux et démons, qui leur inspirent crainte et respect.

Ils aiment quand même la rosée qui se dépose le matin; ils respirent ces odeurs de terres humides ces odeurs annonciatrices d’une récolte généreuse. Ils contemplent les forêts quand l'été se meurt dans un flamboiement majestueux quand le ciel lui même semble ralentir sa course, quand la douceur ambrée des couleurs et des brumes d'automne offrent de nouvelles transparences. Ils remettent leur existence entre les bras et sous la protection des géants de pierre. Sentinelles gardiennent de l'or du temps qui miroite au-delà des ombres qui s'allongent et qui éveillent nos rêves et nos craintes face aux géants de pierre.

Un jour, il y a fort longtemps, un ange est apparu à trois bergers des lointaines montagnes des Pyrénées. Il est venu leur annoncer que bientôt allait naitre le « Sauveur » et qu’ils devaient aller le saluer à sa naissance.

Le premier de nos bergers prit dans son troupeau un jeune agneau né récemment, le mit sur ses épaules et se prépara à partir.

Le second berger, qui était moins riche que le précédent prit une magnifique toison de laine qu’il comptait vendre au marché, la mit sur ses épaules et se prépara également à partir.

Le troisième berger, qui était encore plus pauvre que les précédents, tellement pauvre qu’il ne possédait absolument rien,  rien qu’une fleur qu’il avait trouvée dans la montagne et qu’il avait trouvée tellement jolie parmi ses compagnes les fleurs, qu’il l’avait coupée pour la mettre dans sa cabane. Il prit la fleur, la mit dans sa poche et se prépara lui aussi à partir.

La route est tellement longue que nos trois bergers arrivèrent des semaines plus tard à destination dans un village nommé Nazareth.

Là ils furent guidés jusqu’à une étable dans laquelle venait de naître un enfant.

Le premier berger s’avança et déposa son fardeau qui était devenu un paisible mouton

Le deuxième berger s’avança à son tour, brossa la poussière du chemin déposée sur sa peau de mouton, et la déposa aux pieds de l’enfant et qui lui tiendra chaud lorsque les nuits seront fraiches.

Le troisième berger, lui, n’osa pas s’avancer car il n’avait rien à déposer au pied du berceau. Sa fleur il l’avait oubliée dans sa poche et elle avait triste allure. Malgré tout l’enfant le regarda, lui sourit, ce qui l’encouragea à lui tendre sa fleur

Au moment où l’enfant prit la fleur dans sa petite main elle est redevenue aussi belle et aussi fraiche que le jour où elle avait été cueillie.

C’est pour cela que cette fleur, que quel que soit le moment où vous l’avez cueille, elle ne change plus d’aspect

Et on la nomme la blanche immortelle et c’est l’édelweiss.

Les plus beaux édelweiss vous les trouvez dans cette vallée des Pyrénées d’où venait notre berger et cette vallée se nomme la vallée d’Orle (en Ariège).

Bonnes fêtes.